Li Keming : Héritier d'un Héritage Millénaire—La Renaissance de la Porcelaine Ru

Li Keming : Héritier d'un Héritage Millénaire—La Renaissance de la Porcelaine Ru

Li Keming est le dépositaire d'un héritage vieux de près d'un millénaire. Originaire de Ruzhou, dans la province du Henan à l'ouest de la Chine, cet entrepreneur et designer est né dans une famille de céramistes experts dans l'art de la porcelaine Ru. Considérée comme un trésor national chinois, cette forme d'artisanat n'a existé que pendant une brève période sous la dynastie Song (960-1127). Simples et élégantes, ces pièces se distinguent par une teinte bleu-vert particulière appelée « Tianqing » en chinois. « C'est le bleu du ciel après la pluie », décrit poétiquement Li Keming.

Vases, tasses et théières en porcelaine Ru ©Rushanming

Cet art a longtemps été considéré comme perdu. Les pièces d'époque sont extrêmement rares—il en existe moins d'une centaine. Après plusieurs tentatives de renaissance, c'est à partir de 1949, sous la République populaire de Chine désireuse de remettre l'artisanat chinois à l'honneur, que les fours de céramique Ru ont fait leur grand retour. « Ma famille est engagée dans cette industrie depuis mon enfance, dit-il. C'était un environnement familier. » Mais comment envisager un avenir dans un domaine si traditionnel ? Ayant grandi entouré de fours à porcelaine, il peine à se projeter.

Il quitte donc sa province natale pour étudier le design à Wuhan et, en 2012, il décroche un poste à Pékin dans une agence d'architecture d'intérieur. En 2015, il travaille sur l'annexe de l'ambassade américaine dans la capitale chinoise, où il doit intégrer des ornements chinois similaires à ceux de la Cité interdite. « Certains sont typiques des dynasties Qing et Tang. C'est alors que j'ai réalisé la richesse du patrimoine de mon pays et de ma région », explique-t-il. Son équipe doit notamment utiliser la porcelaine Ru, si familière.

Li Keming décide alors de poursuivre un diplôme en art céramique aux Beaux-Arts de Pékin pour renouer avec l'artisanat familial, avant d'endosser le rôle d'entrepreneur et d'explorer le marché contemporain de la porcelaine Ru. « Je pensais que nous pouvions transformer les objets de la dynastie Song en articles utilisables au quotidien. » Pourquoi fabriquer des bols à pinceau si l'on n'écrit plus à l'encre de Chine ? « Les objets de la cour étaient conçus pour répondre aux besoins de la société de l'époque des Song. J'ai essayé de moderniser les choses. »

Avec sa marque Rushanming, il multiplie les partenariats—par exemple avec une marque de vin locale pour le design de bouteilles—lance certaines collections via le financement participatif et renforce sa présence en ligne. Aujourd'hui, il représente la troisième génération du renouveau de la porcelaine Ru. En 2023, il intègre la première promotion du programme EMAC (Executive Media, Arts and Creation) entre HEC et l'université de Tsinghua. « En tant que marque artisanale chinoise et héritier d'un savoir-faire, j'étais très intéressé par ce programme. » En France, il visite plusieurs maisons renommées spécialisées dans la porcelaine de Limoges, comme Bernardaud, ou encore la Maison Louis Vuitton. « Je voulais comprendre comment ces entreprises ont pu se développer au fil des siècles, transmettre leur savoir-faire de génération en génération et rester dynamiques aujourd'hui. »

Son entreprise emploie 28 personnes et produit entre 60 000 et 80 000 pièces par an. La porcelaine de Li Keming est utilisée comme cadeau diplomatique, notamment lors de visites de chefs d'État étrangers en Chine. Il souhaite encourager la coopération interculturelle dans son industrie et faire connaître l'histoire de la société chinoise à travers les traditions artistiques de son pays. Certaines de ses pièces seront d'ailleurs exposées cet été à Paris, à l'occasion des Jeux Olympiques de 2024.

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